Tonglen signifie "prendre et donner". Cette pratique très profonde "de la prise et du don" consiste à prendre sur soi la souffrance d'autrui, et à donner en retour de l'amour, de la joie et de la compassion.
Tonglen fait partie des pratiques liées au développement de la compassion comme voie suprême vers l'Éveil que l'on appelle la Boddhicitta. La Boddhicitta, ou Esprit d'Éveil, est un "moyen habile" très puissant qui permet notamment au pratiquant de faire cesser la saisie de l'ego, avec tout son cortège d'apitoiement sur soi et de victimisation. Lorsque l'on pratique Tonglen, nos soucis, nos souffrances, nos craintes disparaissent, ou sont remis à leur juste place, en ce sens qu'ils pas l'importance que nous leur accordons généralement.
La pratique proprement dite est basée sur le flux et le reflux de la respiration. A l'inspir, on imagine ou on visualise de la fumée ou de la lumière noire qui symbolise la souffrance, la maladie, ou le mauvais karma de la personne. Cette fumée noire est totalement résorbée dans notre cœur, lequel rayonne comme un soleil ou une boule de lumière. On peut aussi visualiser au niveau de notre cœur une figure de Bouddha ou du Christ, ou tout autre Maître personnalisant une force de compassion naturelle, capable de totalement résorber la fumée noire au niveau de notre coeur.
A l'expir, nous imaginons que de la fumée ou de la lumière blanche vient envelopper la personne. Cette lumière, qui n'est autre que notre force innée d'amour et de compassion, mais qui peut être renforcée par celle du Maître que nous avons placé dans notre cœur au début de la pratique. Nous imaginons que cette lumière, faite de joie, d'amour et de compassion soulage véritablement la personne pour laquelle nous pratiquons. A ce moment, nous donnons effectivement tout notre amour, toute notre joie, et toute notre puissance de compassion, qui libère la personne de son fardeau de souffrance. Nous pouvons accompagner ce mouvement en pensant que la personne se sent effectivement mieux et qu'elle baigne dans la joie et la félicité.
Pour se préparer à la pratique, il est indispensable d'avoir l'esprit pacifié. Pour se faire, il est recommandé de commencer par compter 21 respirations conscientes. Cette première phase permet au mental de se poser et de demeurer dans sa nature calme.
Au moment de commencer la pratique, nous devons prendre un rythme de respiration lent et profond, mais pas à l'excès, car nous devons rester très confortable. Puis nous commençons la pratique sur notre propre personne comme objet de notre compassion. Nous pouvons absorber nos souffrances passées, présentes et futures, et imaginer qu'elles se dissolvent dans l'amour, la joie, la lumière. Nous pouvons faire ceci le nombre de cycles respiratoires qu'il nous semblera nécessaire.
Puis nous dirigeons notre attention sur nos proches, parents, enfants, conjoints, famille, successivement. Nous pouvons ensuite étendre notre pratique sur les amis, les connaissances, les collègues, les voisins.
Dans cette pratique, il n'y a pas de limite à notre imagination pour diffuser notre compassion: nous pouvons penser à des groupes de personnes (ceux qui souffrent de la guerre, de la famine, de la pauvreté, du cancer ou du Sida), ou à des zones géographique (mon quartier, une ville, une région, un pays, même la planète entière avec tous ses habitants).
Il est aussi possible de pratiquer Tonglen pour des personnes qui à priori ne méritent pas notre compassion, comme des chefs de guerre, des dictateurs, des assassins, des abuseurs, etc., en considérant que leurs actions non seulement génèrent de la souffrance sur autrui, mais également parce qu'en agissant comme ils le font, ils accumulent du karma négatif, se réservant lot de souffrance dans cette vie ou la prochaine, ou encore qu'ils en sont réduits à faire le mal autour d'eux en raison de souffrances passées.
Le résultat de cette pratique est immédiatement perceptible et nous apporte de la sérénité et une joie intérieure. Il peut bien sûr arriver que l'ouverture de notre chakra du cœur nous fasse pleurer de compassion, signe que nous avons ouvert notre coeur à la profonde compassion. Cela nous permettra de prendre du recul face à nos propres petits malheurs et développerez une plus grande tolérance et une plus grande patience envers chaque être.
Voici en conclusion ce que dit Lama Guendune Rimpoche: "Au terme de cette méditation, nous nous établissons dans un état de vacuité dans lequel nous dissolvons toute saisie sur le fait de prendre la maladie et la souffrance en nous comme quelque chose existant réellement. Nous nous affranchissons des notions de sujet, d'objet et d'acte, de toute fixation réaliste.
En demeurant ainsi dans la vacuité sans référence, nous dépassons notre peur d'être contaminés par la souffrance des autres. Nous pouvons alors expérimenter la dimension vide et non existante de tous les êtres et de toutes les situations. Cette conscience de la vacuité est la protection suprême contre toutes les peurs."
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