Il advint que deux jeunes hommes avaient été envoyés par le conseil des Sans Arcs en éclaireurs pour trouver le bison. Ils eurent l'apparition d'une femme d'une beauté exceptionnelle habillée d'atours magnifiques. Elle portait sur son dos un fagot. Elle était si pâle et en même tant si rayonnante, son visage était d'une telle perfection, que les deux hommes en furent éblouis.
Comme ils la regardaient, elle leur parla en ces termes : "J'appartiens au peuple du bison. J'ai été envoyée sur cette terre pour m'entretenir avec votre peuple. Vous devez maintenant remplir un
devoir important qui est d'adresser un message essentiel aux vôtres. Rendez-vous auprès de votre chef et dites-lui d'ériger le tipi du conseil au centre du campement. Placez la porte de celui-ci,
de même que l'entrée du village, face à l'est. Dispersez des feuilles de sauge à la place d'honneur. Derrière le foyer, ramollissez la terre et donnez-lui la forme d'un carré à l'arrière duquel
vous poserez un crâne de bison. A l'arrière de celui-ci, édifiez un petit râtelier. J'ai des choses de la plus grande importance à dire à votre peuple et me rendrai dans votre village à la pointe
du jour".
Pendant qu'elle parlait, l'un des deux hommes tomba sous le charme et la désira à tel point que, lorsqu'elle eut fini, au grand dam de son compagnon, il tenta de la séduire. Dans l'instant on
entendit un coup de tonnerre et ils furent enveloppés d'un nuage. Au fur et à mesure que celui-ci se dissipait l'éclaireur qui restait vit la superbe jeune femme qui se tenait debout, impassible,
alors qu'à ses pieds gisait un squelette.
Elle l'enjoignit alors de retourner à son village et de porter son message à son peuple.
Dès que l'éclaireur arriva au camp, il raconta à son chef "Buffalo Who Walks standing upright", c'est-à-dire le "Bison qui marche debout sur les jambes arrières", ce qu'il avait vu et lui
transmit le message comme elle le lui avait ordonné.
Le peuple, très ému par la perte de l'éclaireur, était très excité à l'idée de cette mystérieuse visite. On fit savoir qu'il fallait préparer cette visite selon des modalités particulières et
tout fut fait comme Wohpe l'avait demandé. On désigna des jeunes hommes vertueux pour l'escorter jusqu'au tipi. Dès la tombée du jour, un grand nombre de personnes s'étaient déjà rassemblées
autour du tipi du conseil pour attendre son arrivée.
Au moment où le soleil se levait à l'est, la jeune femme arriva. Ces atours étaient les mêmes que lors de son apparition aux éclaireurs mais, au lieu d'un fagot, elle tenait dans sa main droite
un tuyau de pipe et dans la gauche le fourneau qui était de couleur rouge. Elle s'avança lentement et se dirigea vers le tipi du conseil. Elle y entra avec une certaine majesté, et faisant le
tour par la gauche, elle s'assit à la place d'honneur.
C'est alors que le chef lui souhaita la bienvenue. Il dit à son peuple combien celui-ci avait de la chance que Wakan Tanka lui ait envoyé cette femme si belle qu'ils accueillaient en sœur. Il
s'adressa alors à elle et lui dit que ses frères et sœurs étaient prêts à entendre son message.
Wohpe se leva, et tout en tenant la pipe, s'adressa à l'assemblée. Elle lui dit combien Wakan Tanka était satisfait des Sioux et combien elle était fière en tant que représentante du peuple des
bisons d'être leur soeur. Elle dit encore que c'est parce qu'ils avaient été loyaux et respectueux, qu'ils avaient fait
triompher le bien du mal et respecté l'harmonie contre la discorde, que les Sioux avaient été choisis pour recevoir la pipe au nom de toute l'humanité. Celle-ci serait le symbole de la paix et
devrait être utilisée comme tel entre les hommes et les nations. Fumer la pipe signifiait créer un lien de confiance et permettrait au chaman d'entrer en communion avec Wakan
Tanka.
Elle se tourna ensuite vers les femmes auxquelles elle s'adressa comme à des sœurs. Elle leur dit qu'elles étaient destinées à porter le poids de grandes difficultés et de nombreuses peines mais
que leur grande bonté les destinait à réconforter les autres en période de grande douleur. C'étaient à elles de maintenir la permanence de la famille en donnant naissance aux enfants, en les
élevant, en les habillant et en les nourrissant tout en restant fidèles à leurs époux. C'est ainsi que Wakan Tanka avait organisé leur vie et les soutenait dans la
douleur.
Elle s'adressa ensuite aux enfants comme à ses petits frères et petites sœurs. Elle les invita à
respecter leurs parents car ceux-ci avaient fait bien des sacrifices pour qu'il ne leur arrive que du bien.
Aux hommes, elle parla comme si elle était leur soeur. Elle leur dit que toutes choses dont ils dépendaient venaient de la terre, du ciel et des quatre vents. La pipe qu'elle tenait devait servir
à offrir sacrifices et prières à Wakan Tanka pour le remercier des bienfaits de cette vie. Il ne fallait pas négliger de le faire chaque jour. Elle dit encore qu'ils devaient être bons et aimants
pour leurs femmes et leurs enfants car ceux-ci étaient des êtres fragiles.
Pour finir, elle s'adressa au chef auquel elle expliqua comment se servir de la pipe et comment en prendre soin. Du fait de sa position, il était de son devoir de la protéger et de la respecter,
la nation vivait en effet au travers de ce calumet.
C'était un instrument sacré permettant de protéger le peuple pendant les temps de guerre, de famine, d'épidémie ou d'autres calamités. Elle enseigna ce qu'il fallait savoir pour n'utiliser la
pipe qu'à juste titre avant de lui faire la promesse qu'au moment opportun les Sioux auraient la révélation de Sept cérémonies sacrées auxquelles il faudrait se plier : l'I-ni-pi (Purification),
la Wi-wanyang-wa-chi-pi (Sundance) la Han-ble-chi-ya (quête de vision) la Hun-ka ka-g'a (cérémonie pour étendre les liens familiaux), le Ta-pa kah-go-ya (Lancé de la balle sacrée), la Wi-yan
is-na ti (cérémonie de la puberté) et la Na-gi glu-ha (Garde de l'esprit cérémonial).
Elle resta quatre jours. Avant de les quitter, elle dit au chef combien Wakan Tanka était satisfait de son accueil et combien elle était heureuse d'être sa sœur.
C'est alors qu'elle prit de la bouse de bison pour allumer le calumet et qu'elle l'offrit au ciel, à la terre puis aux quatre vents avant d'en tirer une bouffée et de la tendre au chef de la
nation.
Quand celui-ci eut également tiré une bouffée elle annonça que sa mission venait de prendre fin. Sur ces entrefaites elle déposa la pipe contre le râtelier et quitta le tipi sans
escorte.
En sortant du tipi elle fit le tour de celui-ci par la gauche en marchant lentement. Elle quitta le village et tandis que chacun regardait sa silhouette diminuer lentement, elle se transforma aux
yeux de tous en un petit bison blanc.
C'est ainsi que Wohpe, la fille du soleil et de la lune, s'en est retournée sur la terre pour enseigner l'Humanité. On la connaissait sous le nom de "la Belle". Quant aux chamans, ils
l'appelaient Wohpe.
Source: http://monazimba.bloguez.com/monazimba/269450/White-Buffalo-Calf-Woman
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