Héritière d’un savoir multiculturel qui se perd dans la nuit des temps, la médecine tibétaine arrive en Occident. Profondément holistique, d’une richesse prodigieuse, cette approche qui regarde l’humain dans toute sa globalité corps-énergie-esprit a certainement beaucoup à nous apprendre.
Il est des cultures sur notre planète qui sont détentrices de connaissances immémoriales. La médecine tibétaine, un des systèmes de médecine les plus vieux du monde, regroupe certains aspects de la médecine ayurvédique indienne, de la médecine traditionnelle chinoise ainsi que de la médecine perse ancienne qui remonteraient à plus de 2500 ans. Plongeant aussi ses racines dans le chamanisme de la tradition Bön, pratiquée au Tibet avant que le Bouddhisme ne s’y installe au 7ème siècle, l’origine de son savoir se perd, en réalité, dans la nuit des temps. C’est au 8ème siècle que l’érudit Yutok Yonten Gonpo a codifié ce système de médecine qui depuis s’est propagé dans de nombreux pays d’Asie. A l’heure actuelle, la médecine tibétaine fait tranquillement mais surement son chemin vers l’Occident. Depuis leur quartier général à Dharamsala - lieu de vie du Dalaï Lama dans le nord de l’Inde -, les médecins de l’Institut Médical et Astrologique Tibétain ou Men Tsee-Khan, parcourent le monde pour enseigner ce savoir ancestral issu d’un patrimoine inouï.
Une des sagesses de la médecine tibétaine est de ne pas séparer l’esprit du corps. Fondamentalement holistique, cette approche vise alors à restaurer la santé physique ainsi que la santé mentale du patient, considérée comme étant primordiale. Le vent « rLüng » est par exemple l’une des trois humeurs dont le bon équilibre serait nécessaire à notre bien être. Il permet la circulation des substances physiques de notre organisme mais aussi de l’énergie et de tout ce qui n’est pas physique, comme l’esprit. « Selon la médecine tibétaine, les maladies sont dues à un déséquilibre des trois Humeurs (Vent, Bile et Phlegme) qui sont la base du système médical. Le Vent, qui fait le lien entre l’esprit et le corps est le véhicule de la conscience. Il communique son énergie aux deux autres Humeurs et son action a donc une répercussion plus importante sur l’organisme qu’un simple déséquilibre de la Bile ou du Phlegme », expliquent les médecins du Men Tsee-Khang. La conscience aurait besoin de circuler librement entre le corps et l’esprit chevauchant le vent, maitre des trois humeurs.
Basant leurs diagnostiques sur une écoute attentive du patient, sur la prise du pouls – dont il existerait 43 variations possibles -, l’examen de la langue et des urines, les médecins tibétains peuvent aussi avoir recours à l’astrologie. Ils établissent alors des thèmes astraux personnalisés qui dressent le portrait de chaque patient. Prenant en compte tous les aspects liés à la santé, l’éducation, le mode de vie, la famille, ils prescrivent des antidotes pour surmonter les obstacles inévitables de l’existence. L’astrologie intervient également dans la prédiction des jours favorables ou néfastes à la préparation des médicaments. « Dans les textes anciens, l’astrologie faisait partie intégrante de la science médicale, et certains textes datant du XIIème siècle prédisent de nouvelles maladies provoquées par l’apparition de nouvelles substances toxiques ou un changement environnemental ».
En s’appuyant sur la pharmacopée tibétaine d’une abondance incroyable, les médecins administrent des médicaments confectionnés à partir de substances naturelles. « Le Men-Tsee-Khang possède une nomenclature riche de 2993 remèdes dont 300 sont d’origine végétale. Certains médicaments contiennent des minéraux dont des pierres précieuses, de l’or et de l’argent ». Il leur arrive également de pratiquer l’acupuncture et la moxibustion tibétaine. Ces médecins de l’âme donneront aussi souvent des conseils de modification de comportements qui touchent à l’alimentation et le sommeil, mais aussi à nos postures émotionnelles et mentales de manière à faire de chaque épreuve une occasion d’ajuster notre attitude face à la vie. Aurions nous des choses à apprendre de cette approche capable de nous considérer dans notre globalité ?
Source de l'article: http://www.inrees.com/articles/medecine-tibetaine/
Image 1: © Heine Pedersen, vu sur http://www.nomadrsi.org/-axes-projets-.html
Commenter cet article